Deux types de traitement au tarissement existent (application de l’un, l’autre, les deux ou aucun) :
- Antibiotique de tarissement, habituellement prescrit par le vétérinaire, lorsque la vache n’est pas saine ;
- Obturateur interne du trayon, habituellement prescrit par le vétérinaire, lorsque la vache risque de s’infecter pendant la période sèche.
Le traitement sélectif au tarissement est pratiqué de bien des manières et quels que soient les résultats et pratiques. Les tests à l’aveugle ou avec des critères trop souples engendrent parfois des accidents et des résultats dégradés voire des mammites après vêlage, ce qui ne lui donne pas toujours bonne presse. En effet, ce que l’on constate à grande échelle (internationale), c’est que la pratique du traitement sélectif au tarissement, nécessite un accompagnement et des critères stricts pour éviter ces accidents et garantir le maintien des résultats au tarissement.
Un grand nombre d’éleveurs qui l’ont testé avec des critères insuffisants ne veulent plus entendre parler du traitement sélectif au tarissement, alors que tous leurs indicateurs remplissent les conditions de réussite.
Les conditions pour réussir son traitement sélectif au tarissement
Ces critères garants de bons résultats commencent à l’échelle du troupeau :
- S’assurer de l’absence de staphylocoque doré dans le troupeau, car cette bactérie varie en permanence dans les quartiers atteints, tant dans sa concentration, que dans le taux cellulaire qui en résulte. Une analyse BactérioDétect (analyse en PCR, recherche ADN de 15 éléments pathogènes sur le lait de tank) permet de s’assurer de l’absence de cette bactérie et par la même occasion de connaître le profil du capital infectieux de son troupeau. Il est toujours plus simple de connaître son ennemi pour le combattre. Si le staphylocoque doré est présent, il sera fortement conseillé de mettre en place un plan d’action afin de l’éradiquer avant de démarrer le traitement sélectif au tarissement ;
- Avoir des résultats au tarissement plutôt bons : au moins 70% de taux de guérison et moins de 10% de nouvelles infections après tarissement (pourcentage à affiner avec votre conseiller ou vétérinaire, en fonction des effectifs). Si ce n’est pas le cas, il sera plus judicieux avant tout, de revoir la conduite et l’alimentation des vaches tout au long de leur période sèche.
Nos 5 conseils pour faciliter le tarissement
Pour ce qui est de la conduite, voici quelques conseils qui vont faciliter le tarissement, limiter le stress et son impact sur l’immunité de la vache et limiter les sources de contamination :
- Assurer un environnement sain en début et fin de période sèche ainsi qu’autour du vêlage. Attention aux zones de suroccupation en extérieur ou à des aires paillées excédant 35°C à 10 cm de profondeur. Ces aires paillées, dont la conduite est rarement une priorité, sont souvent à l’origine de 50 % (voire plus) des mammites cliniques durant la lactation, elles interviennent jusqu’à 100 jours après vêlage ;
- Ne pas oublier la gestion des mouches, responsables de nombreuses contaminations après tarissement, sans compter les impacts métaboliques et locomoteurs liés au stress engendré par les mouches sur les animaux ;
- Ne pas remettre à la reproduction des animaux infectés pour éviter les incurables ou des réformes de vaches gestantes ;
- Pour les fortes productrices qui arrivent au tarissement avec plus de 20 kg de lait par jour, il faut les aider à baisser leur production avant de les tarir.
- Surveiller attentivement les vaches sur les premières heures et premiers jours de tarissement. Pour cela, il faut éviter les tarissements le vendredi, juste avant le week-end.
Lorsqu’une vache est à tarir, il faut s’assurer qu’elle soit saine et qu’elle ne présente pas de facteurs de risques particuliers, afin de décider l’absence d’antibiotiques au tarissement.
Traitement sélectif au tarissement, qu’est-ce qu’une vache saine ?
- Les 3 derniers contrôles < 100 mille cellules/mL ;
- Aucune mammite clinique pendant la lactation ;
- Pas de quartier asséché ;
- Attention, le statut SDI (saine-douteuse-infectée) n’est en aucun cas un critère de décision. Les règles de cet indicateur ne permettent aujourd’hui pas d’assurer qu’une vache en statut S soit suffisamment saine pour ne pas recevoir d’antibiotique. Mais ces règles sont en cours de changement pour avoir une signification plus juste.
Traitement sélectif au tarissement, quels sont les facteurs de risque à l’échelle de la vache ?
- Rang de lactation > 3 ;
- Mamelle décrochée (plancher sous le jarret) ;
- Dermatite mammaire ;
- Trayons abîmés ;
- Pertes de lait.
Vérifier la santé de la mamelle le jour du tarissement
Une fois que vous avez tous ces critères en tête, vous pouvez sereinement définir si une vache est saine et sans facteur de risque. Sur une telle vache, il reste une dernière chose CRUCIALE à faire avant de décider de ne pas lui mettre d’antibiotiques au tarissement :
Il faut réaliser un CMT (ou test Teepol, test plateau, Leucocytest) juste avant de tarir. C’est le seul moyen d’avoir une information rapide et fiable sur l’état de santé de la mamelle le jour même du tarissement. En effet, la vache peut s’être contaminée depuis le dernier contrôle cellules ou même depuis la dernière analyse bactériologique de son lait.
Seul un CMT sans coagulation sur les 4 quartiers permet de confirmer que la vache est bien saine le jour du tarissement (en plus des critères ci-dessus), ce qui permet d’orienter vers l’absence de traitement antibiotique au tarissement.
Pour finir, l’absence d’utilisation d’obturateurs sera à réserver aux vaches qui seront taries dans des conditions ne présentant aucun risque de nouvelle infection pendant toute la période sèche. Dans le cas où l’obturateur est appliqué seul, les conditions d’hygiène de l’application doivent être rigoureuses pour éviter d’introduire une bactérie dans la mamelle, et bien penser à chasser l’air de la seringue de l’obturateur si nécessaire.
Pour aller plus loin consultez notre fiche "Elaborer une stratégie de traitement sélectif au tarissement" avec un arbre décisionnel qui vous aidera dans vos décisions.
Mathilde CHAUVAT – Référente Qualité de Lait
Vincent CHAUMARD – Vétérinaire Conseil