L’automne est la période propice pour réaliser des examens de parasitologie, dans le but d’évaluer le risque parasitaire propre à chaque élevage voire chaque lot de bovins ayant partagé le même historique de pâturage et de traitements.
En avril 2017, dans un rapport sur la prévention des résistances aux antiparasitaires, l’Agence Européenne du Médicament (EMA) a recommandé un diagnostic parasitaire au moyen d’examens complémentaires avant de recourir à des traitements.
Si les coproscopies restent un outil aisé à mettre en œuvre, il est souvent nécessaire de combiner plusieurs examens afin d’avoir une vision complète et précise du parasitisme dans son élevage.
Intérêts et limites des examens de laboratoire en fonction du parasite recherché
Strongles digestifs | Grande Douve | Paramphistome | |
---|---|---|---|
Coproscopies individuelles (Bouses) | + (+/- après 1ers froids) |
| +++ (surtout fin hiver) |
Sérologie grande douve (Sang) |
| +++ |
|
Sérologie Douve (Lait de tank) En décembre ou janvier |
| ++ (si prévalence intra-troupeau forte > 40%) |
|
Dosage pepsinogène (Sang) Idéalement, 1 mois après la rentrée | +++ (jeunes bovins) |
|
|
Anticorps anti-Ostertagia (Lait de tank) (1) En octobre ou novembre | + (vaches en lactation) |
|
|
+++ : degré de pertinence élevé
Une démarche diagnostique rationnelle offre plusieurs avantages et est de nature à anticiper certaines préoccupations environnementales et/ou sociétales :
- Une qualification et assez souvent une quantification du risque parasitaire : nature des parasites présents, niveau d’infestation des lots
- Un choix judicieux des individus à vermifuger et la mise en œuvre de traitements différenciés selon les lots ou catégories de bovins (primipares, broutards etc.). Il faut à la fois s’assurer que les animaux ont besoin d’être vermifugés et que le traitement va être bénéfique en termes de production
- Une optimisation des coûts de traitements (traitements utilisés plutôt de manière sélective que généralisée)
- Une évaluation des mesures prises, au cours de la saison écoulée, sur un plan médical, agronomique ou de gestion de lots : planning de pâturage, pratiques de traitements au pâturage etc.
- Une réduction du risque d’apparition de résistances aux anthelminthiques par l’abandon des « routines » de vermifugation
- Une prise en compte de l’écotoxicité des molécules employées (faune coprophage (bousiers), organismes aquatiques)
Prenons deux exemples de problématiques pour illustrer l’intérêt pratique des examens de laboratoire.
1. Strongles gastro-intestinaux chez les jeunes bovins
En fin de première saison de pâture, les génisses sont en cours d’immunisation contre les strongles digestifs et il s’avère extrêmement intéressant de mesurer la charge parasitaire, au travers d’un dosage de pepsinogène sérique (prises de sang idéalement 1 mois après la rentrée). Les scores obtenus pourront renseigner sur :
- Le choix du traitement de rentrée le plus adapté et un risque éventuel d’ostertagiose de type II (2) à la fin de l’hiver
- La maîtrise du parasitisme opérée par les traitements effectués durant la saison écoulée
- Le niveau de contamination des parcelles pour l’année à venir
2. Présence de paramphistome et/ou grande douve
La notification d’une des 2 infestations grande douve (retours d’abattoir, résultat lait de tank positif) ou paramphistome (coproscopies) doit inciter à rechercher la seconde car elles ont en commun les zones d’infestation potentielles. L’infestation par la grande douve induit de sévères lésions au niveau du foie ayant pour conséquences des baisses de production, une altération de l’immunité (colostrum, maladies intercurrentes) et une moindre fertilité. La présence de grande douve et/ou de paramphistome appelle des mesures agronomiques destinées à limiter l’infestation au pré : clôture autour de marres et cours d’eau, empierrement etc. Si la mise en défends des zones humides s’avère irréalisable car trop étendues ou trop morcelées, le recours à des traitements médicaux s’avèrera nécessaire.
(1) Le niveau d’anticorps anti-Ostertagia peut varier dans le temps pour un même troupeau. Son interprétation doit tenir compte de la part d’herbe dans la ration des vaches en lactation (< ou > 50% / 75% selon la saison considérée), de la capacité qu’ont les génisses à s’immuniser avant de vêler (temps de contact avec les larves infestantes de strongles : < ou > 8 mois), du niveau d’étable et du chargement à l’hectare.
(2) Ostertagiose de type II : une des 2 formes cliniques que peut prendre l’infestation par le strongle de la caillette Ostertagia. Dans cette forme qui s’exprime fin d’hiver-début du printemps, la diarrhée fait suite à la reprise du développement brutale et synchrone des larves L4 ingérées à l’automne précédent et jusqu’alors inhibées. Si la morbidité reste faible, la mortalité est fréquente !
Si vous avez des questions au sujet du parasitisme herbager ou des analyses de laboratoire, n’hésitez pas à contacter un vétérinaire Seenovia.