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Lactations longues : de nouvelles réponses à partir des données de contrôle laitier

Actualité22/05/2024Caprins

Fin 2023, une étude a été menée au sein de Seenovia afin de répondre à de nombreuses interrogations d’éleveurs au sujet des lactations longues : est-il intéressant économiquement de faire des lactations longues ? Une chèvre en lactation longue produit-elle autant qu’une chèvre tarie et qui démarre une nouvelle lactation ? Quel est l’impact sur le niveau cellulaire du troupeau ? Y a-t-il des différences entre les Saanens et les Alpines ? Autant de questions auxquelles des premiers éléments de réponses ont été apportés.

D’abord, quelques rappels : une chèvre est considérée en lactation longue (LL) dès lors que sa lactation se prolonge au-delà de 485 jours sans mise-bas. Dans notre étude, nous avons considéré uniquement les lactations longues choisies pour durer et non les lactations prolongées qui partiront à la réforme après la mise-bas des taries.

Cette étude a révélé que 81% des éleveurs adhérents au contrôle laitier à Seenovia avaient des chèvres en lactation longue. 86% des chèvres étudiées étaient conduites en reproduction saisonnée et 61% des chèvres étaient représentées par la race alpine. Les élevages conduits en désaisonné font davantage de lactations longues (13% des chèvres) que les élevages conduits en saisonné (8% des effectifs)

De manière générale, les chèvres en lactation longue ont produit plus de lait que les chèvres en lactation normale (avec tarissement) avec 60 jours de lactation supplémentaires. Bien que la race alpine soit davantage représentée, des différences ont pu être observées entre les 2 races : +239 kg pour les saanens primipares en lactation longue par rapport aux saanens primipares en lactation normale (LN) avec 60 jours de plus ; +157 kg pour les alpines primipares en lactation longue par rapport aux alpines primipares en lactation normale.

 

Tableau 1 : Comparaison des productions entre les primipares en lactation longue et les multipares ayant fait 2 lactations normales successives selon la race

 

Saanen

Alpine

LL rang 1

LN 1 + LN2

LL rang 1

LN 1 + LN2

Jours productifs

656

596

649

589

Lait total en kg

2 154

1 915

2 005

1 848

TB

38,5

36,9

41

39,2

TP

33

31,9

34,3

33,1

Cellules (x1000)

1 365

1 370

1 254

1 115

 

La différence semble moins marquée en multipares : +144 kg pour les saanens contre +139 kg pour les alpines en lactation longue par rapport à leurs homologues en lactation normale.

 

Tableau 2 : Comparaison des productions entre les multipares en lactation longue et les multipares ayant fait 2 lactations normales successives selon la race

 

Saanen

Alpine

LL rang 2

LN 2 + LN 3

LL rang 2

LN 2 + LN 3

Jours productifs

654

596

650

593

Lait total en kg

2 253

2 109

2 231

2 092

TB

37,1

36,0

40,6

38,4

TP

32,8

31,9

34,6

33,1

Cellules (x1000)

2 168

1 709

1 158

1 260

Cependant, ramené à un nombre de jours productifs équivalent, la balance semble pencher davantage du côté des lactations normales : à même nombre de jours productifs, les alpines primipares en lactation longue ont réalisé en moyenne 28 kg de lait de moins que les alpines primipares en lactation normale, et les multipares en lactation longue ont produit en moyenne 55 kg de moins que les multipares en lactation normale, en alpine comme en saanen. Seules les saanens conduites en lactation longue dès leur première année (primipares) ont fait plus de lait que celles conduites en lactation normale (+42 kg en moyenne à même nombre de jours productifs). Ces données sont cependant à considérer avec précaution du fait du faible nombre de primipares en lactation longue présentes par rapport à celui des primipares en lactation normale dans l’étude (d’où des résultats supérieurs pour les primipares en lactation normale).

Des différences sont également notables selon la saisonnalité des chèvres : chez les désaisonnées, les lactations longues en 1ère lactation semblent produire plus de lait que les chèvres ayant fait 2 lactations successives (+288 kg avec 64 jours de lait en plus en moyenne, soit +83 kg à même nombre de jours productifs). Chez les saisonnés, les 59 jours de lactation supplémentaires permettent aux lactations longues en 1ère lactation de produire 192 kg de plus que les lactations normales ayant fait 2 lactations successives avec tarissement, mais à même nombre de jours productifs, la production est similaire. Chez les saisonnés, le 2e pic de lactation semble donc compenser le lait non produit pendant le tarissement par rapport aux lactations longues.

D’autres différences ont été observées entre les 2 races : les saanens ont tendance à avoir une meilleure persistance laitière que les alpines (davantage de saanens en lactation longue de plus de 900 jours dans les effectifs)

Les alpines en lactation longue font plus de taux que les saanens (+2 points de TB et +1,5 point de TP en moyenne). En revanche, peu d’évolution a été observée sur les taux au fur et à mesure que la lactation s’allonge, mise à part pour les alpines en lactation très longue (>900j) où les taux semblent augmenter de manière plus marquée (+2,4 points de TB et de TP en moyenne par rapport aux alpines en lactation normale).

Si l’on s’intéresse au niveau de production laitière selon la proportion de lactations longues dans le troupeau, l’étude révèle que les chèvres conduites en lactation longue font plus de lait (+200g/j pour les primipares) dans les élevages à forte proportion de lactation longue (plus de 40% de lactations longues dans le troupeau), tandis que les chèvres en lactation normale font plus de lait (+100 à 200g/j) dans les élevages qui font peu de lactation longue (moins de 10% de lactations longues dans le troupeau).

Au niveau des cellules, peu de différences ont pu être observées entre les primipares conduites en lactation longue et les primipares conduites en lactation normale. Des différences sont cependant notables en multipares : +460 000 cellules/mL pour les saanens en lactation longue par rapport aux saanens qui ont été taries une fois. La tendance semble inversée en alpine : -100 000 cellules/mL pour les alpines conduites en lactation longue pendant leur 2e lactation par rapport aux alpines qui ont mis bas une 2e fois.

D’un point de vue économique, les résultats Cap’T€C 2022 montrent un coût d’élevage d’une chevrette à 170€/chevrette. Pour un élevage de 355 chèvres passant de 0% à 10% de son troupeau conduit en lactation longue et de 31% à 29% de taux de renouvellement, cela représenterait -850€ de coût d’élevage des chevrettes. Monter à plus de 40% de lactations longues et diminuer son taux de renouvellement à 26% réduit le coût d’élevage des chevrettes de 2 550€ pour ce même élevage par rapport à une conduite 100% en lactation normale. Il faut cependant tenir compte du coût alimentaire des lactations longues pendant le tarissement des chèvres en lactation normale.

 

Pour un élevage moyen de 355 chèvres présentes

% LL dans l'élevage

% renouvellement

Nombre de chevrettes 

Impact sur le coût d'élevage

0 %

31

110

0 €

0 à 10 %

29,8

105

-850 €

>40 %

26,8

95

-2 550 €

 

Il est important de noter que cette étude a été menée uniquement sur les chèvres présentes dans les élevages en 2022 : les chèvres réformées n’ont pas été prises en compte, l’étude a donc été réalisée sur les meilleures lactations longues. C’est pourquoi certains résultats en faveur des lactations longues peuvent questionner (notamment au sujet des cellules). L’étude sera prochainement approfondie en tenant compte des lactations longues réformées.

 

*Etude réalisée sur des données depuis 2012 et sur 61 649 lactations

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