Que faire face aux mycotoxines dans les ensilages d'herbe ?

Les mycotoxines sont produites par certaines familles de champignons qui peuvent contaminer non seulement le maïs, mais aussi d’autres céréales ainsi que les graminées fourragères, qu’elles soient conservées par voie humide ou sèche. Elles ont potentiellement un impact sur les performances des bovins.

Les mycotoxines appelées « mycotoxines de champ » sont produites par des champignons qui contaminent et se développent dans la culture avant la récolte. Les principales familles sont :

Les espèces de Fusarium sont nombreuses et chaque fusarium peut produire plusieurs mycotoxines à la fois. Les contaminations avec plusieurs mycotoxines sont donc très fréquentes, ce qui accentue leur impact potentiel sur les animaux, d’où l’importance de toutes les prendre en considération.

Les effets des mycotoxines sont accentués par les facteurs suivants :

Leur présence sur les fourrages verts de types foins, ensilages d’herbe et de luzerne, n’a été détectée que récemment. Le développement du champignon et la production de mycotoxines dépendent de plusieurs paramètres, mais le facteur météorologique garde une importance majeure. La succession de plusieurs cultures sensibles avec présence des résidus au sol est aussi source de contamination.

La recherche des mycotoxines est une première étape importante qui permet d’évaluer un niveau de risque. On peut privilégier le recours aux analyses simples de type ELISA en cas de besoin de réponse rapide et pour maîtriser les coûts. Cette solution n’est cependant envisageable que dans le cas de fourrages simples : ensilage de maïs ou d’herbe de graminées pures. Dès que nous avons des mélanges de fourrages ou une ration semi complète ou complète, il faudrait privilégier l’analyse complète par HPLC (temps de réponse plus long, coût plus élevé mais beaucoup plus fiable).

La meilleure solution, lorsque c’est possible, reste toujours la prévention. Eviter les successions à risque et la présence fréquente des cultures sensibles (maïs et blé notamment) réduit le risque de contamination. Il existe aussi une sensibilité variétale chez ces deux cultures qui permet de maintenir un faible niveau de contamination sur les parcelles. Dans les années à risque, comme 2023, le travail du sol avec enterrement des résidus peut représenter un levier majeur de prévention.

Si ces solutions ne sont pas suffisantes, ou impossibles à mettre en place, voici d’autres possibilités, à choisir en fonction du type de mycotoxines mises en évidence et de leur concentration.

Si vous avez analysé un ou plusieurs fourrages et que la présence de mycotoxines a été mise en évidence, l’outil mycorisk (https://www.observatoire-mycotoxines.com/mycorisk/) vous permettra de mesurer l’effet cumulatif de la distribution des fourrages contaminés. Vous pourrez ainsi calculer la proportion du fourrage contaminé à retirer dans la ration des vaches laitières pour revenir au-dessous du seuil dans la ration distribuée.

Les repères mentionnés sont établis pour une ration à base de maïs ensilage ingéré à hauteur de 13 kg de MS. Ces seuils peuvent tout à fait être transposés sur des rations à base d’herbe consommée en même proportion (13 kg MS).

L’argile bentonite et la montmorillonite ont des espaces entre feuillets larges qui permettent de fixer et inactiver certaines mycotoxines (aflatoxines et alcaloïdes d’ergot notamment). Du fait de la surface d’absorption limitée des argiles, elles n’ont que très peu d’effet sur la DON et Zéaralénone.

Pour la biotransformation, les enzymes ou les micro-organismes éliminent la toxicité des mycotoxines en les dénaturant. Elles sont plus efficaces sur les ZEA et les Ochratoxines.

Lorsqu’elles sont associées aux argiles, elles ont pour objectif d’augmenter la surface d'adsorption des argiles en vue de capter les DON et les ZEA.

Ils peuvent être utilisés pour lutter contre les effets des DON.

Ils sont efficaces sur toutes les mycotoxines lorsqu’ils sont distribués à forte dose, mais ils sont aussi efficaces pour capter les grosses molécules comme les vitamines. Il est de ce fait déconseillé de les distribuer sur une longue période.

NB : Il est indispensable de se renseigner auprès des fournisseurs pour vérifier que le produit choisi soit autorisé par le cahier des charges AB.

Par Emmanuel LEPAGE, Responsable Pôle Animal Seenovia