Vous êtes très présent dans votre élevage. Il y a tous les moments de travail quotidien : alimentation et repousse, paillage et curage, traites qui conditionnent la journée de vos animaux. A ces instants, vos vaches laitières adoptent une attitude correspondant à la relation que vous avez avec elles et qui influence leurs actions. Habituées à votre personnalité, elles adaptent un comportement particulier en votre présence.
L’utilisation de film sous forme de caméra TimeLaps (film de 10 à 20 minutes avec une image toutes les 5 ou 10 secondes) nous montre une autre facette du comportement du troupeau. Dès que vous avez tourné le dos, vos vaches laitières adoptent un comportement plus grégaire où la hiérarchie et les instincts reprennent leur territoire. La visualisation de ces films nous positionne en spectateur et nous ouvre à la critique.
Quels enseignements cela peut nous apporter ?
- Un des enseignements important et connu est la détection des chaleurs courtes qui se déclenchent fréquemment la nuit et que l’on ne détecte pas dans la journée.
- Il y a l’utilisation des espaces dans un bâtiment. On peut remarquer que des zones sont très occupées et d’autres délaissées. C’est le cas des points d’eau, le point sel, le DAC ou même l’auge et on peut remarquer que, dès que l’espace est trop limité, il devient une zone de conflit où les dominantes règnent en maitresses. Après la traite, les abreuvoirs sont très sollicités et peuvent être très disputés.
- Dans les situations sous dimensionnées en place à l’abreuvement, il est classique d’observer des vaches qui restent postées devant un point d’eau sans boire. Ce que l’on constate, c’est que moins il y a de point d’eau et plus la vache reste longtemps devant. Dans le cas de la photo ci-dessous, la vache est restée 1h45 sans bouger devant l’abreuvoir. Pendant ce temps aucune autre vache n’a pu s’abreuver.
- Les images nous renseignent aussi sur le confort du couchage. Il faut se positionner en tant qu’observateur en comparant avec une attitude naturelle au champ. Au pâturage, il est rare de voir des vaches debout sans activité ou cela témoigne d’un état de stress. En bâtiment, c’est la même chose. Si cela arrive, on peut s’orienter vers un défaut de confort. Le manque de place ou la peur du coucher ou du lever peuvent expliquer ce phénomène. Ce sont aussi les vaches perchées dans les logettes pendant des heures qui finissent par développer des soucis de locomotion ou des signes de fourbures qui sont plutôt liés à de la fatigue. Comprendre les raisons de ce comportement est un pas nécessaire vers le développement d’une solution (qualité de la litière, réglage des logettes).
- Dans le cas d’un système de traite robotisée, on relève également que, lorsque l’alimentation à l’auge vient à manquer, la circulation du troupeau diminue puis s’arrête. On est parfois surpris de l’heure à laquelle la ration commence à faire défaut avec des animaux qui passent désespérément d’un cornadis à l’autre. Cette situation peut expliquer une partie des baisses du nombre de traite pendant la nuit et les retards du matin.