Le niveau de contamination initial des parcelles (nombre de larves infestantes en début de pâturage) et la dynamique d’infestation des animaux varient en fonction des troupeaux (charge parasitaire des parcelles, conduite de pâturage), des lots (complémentation au pré, chargement à l’ha) et des années (météorologie).
En fonction du risque propre à chaque exploitation, des mesures thérapeutiques peuvent s’avérer nécessaires mais elles doivent être raisonnées dans un souci d’efficacité et aussi pour ne pas favoriser l’émergence de résistance chez les parasites. Détaillons ensemble 3 notions importantes.
Faut-il absolument traiter tous les individus d’un même lot ?
Face à l'émergence de strongles résistants aux anthelminthiques, il est dorénavant souhaitable d'opter pour des traitements sélectifs, visant les individus présentant des croissances faibles (en moyenne 50% des individus d'un lot). Pour détecter les retards de croissance, l’idéal est de disposer des GMQ. A défaut, il est permis d’apprécier visuellement l’état corporel des jeunes.
A quel moment positionner le premier traitement anthelminthique pour être le plus efficace ?
Dans la majorité des situations, le premier traitement devra se situer environ 3 mois après la mise à l'herbe. Contrairement à une intervention dès la mise à l'herbe ou 1 mois après, le traitement en cours de saison de pâture (*) présente plusieurs intérêts :
- Il s'applique à des individus infestés, au moment de l’élévation du risque ou légèrement avant.
- Il correspond à un moment où la santé des animaux peut être en jeu.
- Il permet une meilleure maîtrise du risque automnal (pic d’infestation automnal écrêté).
- Il impacte moins le cycle des insectes coprophages en épargnant leur période de reproduction
(*) Pour une mise à l'herbe courant mars ou avril, le premier traitement se fera en général début juillet.
Y a-t-il des modalités de traitement préférables à d’autres ?
Les produits appliqués en Pour-On sont incompatibles avec des traitements sélectifs. En effet, le comportement de léchage entre les animaux conduit à un traitement généralisé et même à un sous-dosage chez les individus non-traités (risque d'apparition d'une résistance à la molécule). La biodisponibilité des produits appliqués en Pour-on est par ailleurs faible en comparaison d'un équivalent injectable et s'avère très variable d'un individu à l'autre.
Afin de piloter au mieux la conduite du pâturage et gérer le risque parasitaire, des outils analytiques sont disponibles. A tout moment, des analyses coproscopiques individuelles (échantillons de bouse) indiqueront s’il y a excrétion d’œufs de parasites sans toutefois l’existence d’une corrélation forte avec un nombre de parasites adultes. Le logiciel « Parasit’Sim » permet quant à lui de modéliser le risque parasitaire en fonction des situations propres à chaque élevage. Pour un conseil personnalisé, n’hésitez pas à contacter un vétérinaire de Seenovia.
Comme vous l’aurez compris, ne pas surtraiter permet d’instaurer un équilibre acceptable entre la génisse et les strongles digestifs, condition indispensable à l’immunité des animaux. Au moment des traitements, sélectionner les animaux à risque et cibler le moment opportun pour agir contribuent à réduire les coûts ainsi que le risque de résistance.
Rédigé par Jean-Luc JOBERT, Vétérinaire Conseil Seenovia
Ostertagia (strongle de la caillette) : vers adultes sur la muqueuse de la caillette. (D’après Merck Veterinary Manual, 2011)
Analyses coproscopiques : « Coprolys » Seenovia
La période coïncidant avec la fin des 2 premiers mois de pâturage est stratégique pour évaluer la charge en strongles digestifs. Seenovia met à disposition de ses adhérents PSE un kit pour réaliser des coproscopies individuelles.
Logiciel « Parasit’Sim »
Evaluation des risques en fonction de la conduite de pâturage, prédiction du moment opportun pour instaurer le cas échéant un traitement anthelminthique.