Bien avoir à l’esprit que l’eau peut être responsable de soucis sanitaires ou de baisse de performances. Ces risques dépendent notamment de l’origine de l’eau. Les eaux de surface sont particulièrement dangereuses, elles peuvent véhiculer de nombreux germes responsables de maladies digestives, génitales ou parasitaires. De plus des contaminations chimiques sont possibles.
Les eaux issues d’un puits ou d’un forage, si les abords du captage sont bien maitrisés, sont dans la plupart des cas de bonne qualité bactériologique. On contrôlera la composition chimique de cette eau (teneur en fer et en manganèse), car certains minéraux en quantité excessive rendent l’eau peu appétente, et par conséquence, en limitant l’abreuvement des animaux, diminuent les performances zootechniques (surtout la production laitière).
Des accès aisés à l’abreuvement
Le choix de l’emplacement d’un point d’eau est primordial si on veut avoir de bonnes circulations des animaux.
- Installez le point d’eau plutôt sur une butte (surtout pas dans une cuvette) dans un endroit n’étant pas sur-occupé ou propices à être humides (pas dans un chemin d’accès, ni à l’entrée de la parcelle, éviter également les coins des pâtures).
- Eviter les coins de parcelles, la proximité des clôtures électriques ainsi que sous les lignes haute tension.
Si on doit donner accès à de l’eau de surface, ces eaux sont souvent de mauvaise qualité. Il faut créer une zone stabilisée pour l’accès (pour les eaux de rivière respectez la règlementation). Le sol autour du point d’abreuvement ne devra pas être traumatisant, afin de ne pas favoriser les troubles locomoteurs.
Des points d’eau judicieusement positionnés dans le parcellaire
Le positionnement des points d’eau influence la répartition des bovins dans la parcelle, la qualité du pâturage ainsi que les mouvements d’animaux pour se rendre à l’abreuvement.
En visant 200m maximum entre tout endroit de la parcelle et le point d’eau, on favorise un pâturage régulier et un déplacement des animaux par petit groupe pour aller boire.
Ne positionnez pas les bacs sous des arbres afin de limiter les souillures organiques.
Une disponibilité en eau permanente
Le non assèchement d’un point d’eau dépend de différents paramètres. Un débit suffisant, une réserve adaptée, un déplacement des animaux pour boire régulier et en petits groupes. Le débit dépend du diamètre des canalisations (le diamètre conseillé est de 32 mm), de la pression du circuit de distribution et du réglage du flotteur. En bout de canalisation on subit souvent la pression car elle dépend de la topographie de la parcelle (environ -1 bar par 10 m de dénivelé positif et -0,5 bar par 100 m de canalisation), plus le diamètre de la canalisation est important moins la perte de pression est conséquente.
Il est préférable d’avoir 1 auge supplémentaire accessible par parcelle au cas où le bac principal serait défaillant. Il est souhaitable d’adapter le volume des auges afin de « tamponner » l’abreuvement simultané d’une dizaine de laitières.
Exp :
- 10 VL se déplacent pour boire
- Chacune boit 20 litres en 2 minutes
--> 200 litres bus (donc déjà minimum 200 litres de réserve) - Débit de 10 litres/minute (estimer simplement le débit en calculant le temps pour remplir un seau de 10 litres)
--> Il faudra 20 minutes pour remplir à nouveau le bac - Si 10 laitières viennent à nouveau boire au bout de 10 minutes, elles boivent aussi 200 litres alors que le bac n’est pas complètement rempli (de ce qui a été bu précédemment).
Avec ces éléments une réserve de 400 litres semble cohérente afin que le point d’eau ne soit pas à sec.
Un dernier point à ne pas oublier, contrôler et nettoyer régulièrement les points d’abreuvement.
Avant l’arrivée dans la parcelle, vérifier la propreté du point d’eau (végétaux comme des feuilles ou des morceaux de bois, mousse), l’absence de cadavre d’animaux (oiseaux, rongeurs….), le fonctionnement et le débit du flotteur, et contrôlez l’absence de fuite.
A la sortie de la parcelle il est bien de fermer l’eau, très souvent des abreuvoirs fuient plusieurs jours, alors que cette parcelle n’est pas utilisée par des animaux. Il est bien de pouvoir facilement fermer une ligne d’eau ou au moins l’arrivée à chaque abreuvoir.
En conclusion, l’eau est un « aliment » prioritaire des laitières au pâturage par sa qualité, son accessibilité, le positionnement et le volume des auges. Par la surveillance et l’entretien des auges on assurera une disponibilité permanente d’une eau de qualité. L’eau est bien le composant le plus élevé du lait (87 pour cent). Toute erreur sur l’abreuvement aura des répercussions sur la santé ou la production des animaux.
Dr Hervé BAUDET
Vétérinaire Conseil